De droite à gauche en passant par la majorité, des responsables politiques français dénoncent le "nettoyage ethnique" du Haut-Karabakh après l'invasion par l'Azerbaïdjan de ce territoire peuplé d'Arméniens, que le gouvernement qualifie pour sa part de "drame humanitaire".
"Si ce n'est pas de l'épuration ethnique, je ne sais pas ce que c'est", a déclaré mercredi le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), dans un entretien au quotidien Le Figaro, appelant à "être". Solidaires de l'Arménie et des Arméniens du Haut-Karabakh (qui) sont chassés d'une terre qui était la leur".
Plus de 100.000 personnes ont fui l'enclave depuis l'offensive-éclair de Bakou fin septembre, qui a pris le contrôle de ce territoire disputé depuis la chute de l'Union soviétique. "Une initiative diplomatique est encore possible pour sécuriser cet exode", a souligné sur CNews et Europe 1 le président de l'Association des maires de France, David Lisnard (LR), dénonçant lui aussi "un nettoyage ethnique" et "une volonté ( ...) d'enlever les chrétiens" de cette région.
À gauche, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique) a jugé sur le réseau X (ex-Twitter) que "l'Europe doit tout mettre en œuvre pour sanctuariser l'Arménie" après "avoir assisté passivement à un nettoyage ethnique".
Avant lui, le sénateur écologiste Yannick Jadot et la députée socialiste Christine Pires Beaune avaient même avancé le terme de "génocide", lourd de sens dans ce pays du Caucase traumatisé par le massacre de sa population par l'empire ottoman il y a plus d'un siècle.
La cheffe de dossier des députés Insoumis, Mathilde Panot, a précisé mercredi un courrier à la Première ministre, Elisabeth Borne, lui demandant de venir s'exprimer devant l'Assemblée nationale sur la "position de la France" sur le conflit et "la situation humanitaire dans la région".
Elle a également demandé que cette déclaration puisse être suivie d'un vote et d'un débat. "C'est bien à une opération de nettoyage ethnique des populations arméniennes du territoire du Haut-Karabakh que s'est livrée l'Azerbaïdjan", estime Mme Panot dans sa lettre.
Appel à des sanctions
La majorité n’est pas en reste. Mardi, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), avait également évoqué sur RTL une "épuration ethnique" et soulevé la possibilité de "sanctions" à l'encontre de l'Azerbaïdjan et de ses dirigeants pour " marquer la limite de ce qui est en train de se passer et préserver l'intégrité arménienne".
Des propositions qui tranchent avec la prudence du gouvernement, dont le porte-parole Olivier Véran s'était contenté dimanche de constater "un drame humanitaire" et de rappeler que "la France condamne l'action de l'Azerbaïdjan".
Insuffisant pour le député Jean-Louis Bourlanges (Modem) qui a interpellé l'exécutif mardi à l'Assemblée nationale, lui enjoignant d'"agir" pour éviter "la remise en cause de l'intégrité territoriale" de l'Arménie et " la destruction de (sa) démocratie libérale".
Ce à quoi Mme Borne a répondu par l'engagement de "bâtir un plan européen d'appui à une Arménie indépendante, souveraine et démocratique", sans se prononcer sur d'éventuelles sanctions. Le président de la République, Emmanuel Macron, ne s'est pas exprimé sur le sujet depuis le 24 septembre.
L'exode des Arméniens est "la résultante d'une politique délibérée" de Bakou, a noté l'Elysée, en réclamant la "possibilité d'exercer un droit de retour avec des garanties de sécurité" pour les habitants du Haut-Karabakh.
La Rédaction (avec AFP)